Wellko, l’acoustique éco-conçue

Opérationnelle depuis le mois d’août dernier, la société normande Wellko (juridiquement créée quelques mois avant) s’est lancée sur un marché en pleine croissance de l’acoustique en milieu professionnel et lieu public. Si l’impact du bruit est certes connu depuis de très nombreuses années, cette nuisance reste souvent assez négligée. Or, selon les estimations du Conseil national du bruit et de l’Ademe (étude EY 2016), son coût social et sanitaire total est de 57 milliards d’euros par an.

Le bruit urbain est certes très largement dominant, mais le milieu professionnel a aussi sa part puisque 58% des salariés en France se déclarent exposés au bruit, avec à la clé des pertes de productivité dues à la gêne sonore, la fatigue ou la perte de concentration. Très clairement aujourd’hui, l’enjeu du confort sonore du lieu de travail devient un facteur de différenciation et d’attractivité pour les entreprises, alors que paradoxalement les espaces de travail ouverts se multiplient (open-spaces ou tiers-lieux de travail). Ce marché très technique est donc porteur, associé à d’autres secteurs, tels que celui de la petite enfance, des écoles (on estime que 20% du décrochage scolaire serait expliquée par les nuisances sonores), cantines ou autres salles polyvalentes.

En dépit de ce contexte très favorable, il n’était pas facile de se lancer sur un marché aussi concurrentiel. D’où un positionnement original de Wellko qui développe une gamme de solutions acoustiques éco-conçues et écoresponsables. François Boutinaud, son fondateur, s’est en effet attaché à développer des produits démontables, avec des matériaux pour lesquels les filières de recyclage étaient en place, et surtout en employant comme matériau principal d’absorption un plastique recyclé. Bien que s’étant penché au départ sur les plastiques recyclés issus de parechocs, ce sont finalement des plastiques PET recyclés qui ont été utilisés pour constituer la nappe d’absorption, l’âme principale à forte porosité du produit acoustique, qui sera ensuite recouverte d’un tissu à des fins d’esthé- tisme. Une attention a aussi été portée sur la logistique d’approvisionnement en circuits courts, et l’assemblage a été confié à un atelier protégé local.

Toute une gamme de panneaux muraux, de baffles, de cloisons ou divers objets géométriques servant de pièges à son (cubes suspendus par exemple) a ainsi été conçue pour répondre aux différents usages et cas techniques rencontrés (volume, matériaux du bâtiment, type d’activité). Un premier réseau de partenaires designers, architectes d’intérieur, agenceurs d’espaces tertiaires constituent aujourd’hui des relais pour favoriser la diffusion de ces produits qui enregistrent quelques belles références pour les premiers mois d’activité (restaurants, mairies, activités bancaires etc..).

Car de fait, si l’argument d’éco-conception n’est pas l’élé- ment premier de l’acte d’achat, il devient un vrai différentiel sur le marché avec des produits dont la performance acoustique (et anti-feu) est officiellement reconnue (certificat CSTB) et à prix compétitif sur le marché, mais correspondant aux enjeux de politique RSE des entreprises et collectivités clientes. Une reconnaissance technique qui est aussi accompagnée du Label 2018 du l’Observateur du désign décerné par l’APCI (agence pour la promotion de la création industrielle).

Fort des premiers succès de sa gamme, François Boutinaud poursuit ses développements techniques, notamment sur des nouvelles formes d’objets, mais également pour approfondir la démarche d’éco-conception. La startup travaille avec un lycée professionnel rouennais des métiers de la mode et des vêtements sur de nouveaux projets, en particulier le développement d’un prototype industriel de housses en tissu pour les supports acoustiques, l’idée étant d’entrer dans une logique d’économie de la fonctionnalité en permettant de changer les tissus externes des produits acoustiques et augmenter ainsi la durée d’usage des supports. Une gamme de produits acoustiques dont l’évolution est donc à suivre.

Source: Green News Techno Article N°252